Regards sur le télétravail


25/03/2025

Quel bilan tirer sur la montée en puissance du télétravail, presque 5 ans après la crise sanitaire qui a favorisé son expansion ? L'APEC (Association pour l'emploi des cadres) apporte des éléments de réponse dans une étude publiée le 12 mars, et sur laquelle FO Métaux livre réflexions et préconisations.

Aujourd'hui, deux tiers des cadres du privé travaillent régulièrement à distance, c'est-à-dire au moins un jour par semaine. Cette pratique s'est largement répandue parmi cette catégorie d'actifs pendant la crise sanitaire et s'est maintenue depuis, au point qu'ils n'envisagent pas de retour en arrière : Si leur employeur le supprimait, près de la moitié d'entre eux chercherait même à changer d'entreprise. Ces dernières, conscientes de ces enjeux, sont peu nombreuses à avoir diminué en 2024 (10%) ou à penser diminuer en 2025 (7%) le nombre de jours de télétravail autorisés. Cadres télétravailleurs, managers et directions d'entreprises s'accordent donc pour dresser un bilan positif du télétravail, lui attribuant plus d'avantages que d'inconvénients, et ce quelle que soit la taille de l'organisation.

Pratiques et mentalités ont évolué

Ce satisfecit tient sans doute à la bonne adaptation des cadres et des entreprises à ce nouveau mode de travail. Les premiers ont su arbitrer entre les tâches nécessitant une présence sur site et celles telétravaillables tandis que les secondes ont réussi à adopter des pratiques managériales adaptées. "Il ne faut pas sous-estimer le rôle de la négociation collective dans ce succès, soutient le secrétaire fédéral Bruno Reynès."

Ainsi, l'ANI du 26 novembre 2020 "pour une mise en oeuvre réussie du télétravail" reste une pierre de touche pour qui veut négocier efficacement un accord de télétravail dans son entreprise." Au delà, les entreprises, particulièrement les plus grandes, considèrent de plus en plus le télétravail comme un facteur d'attractivité. Près de 70% des entrerpises de plus de 250 salariés estiment aujourd'hui que ne pas proposer de télétravail constitue un frein au recrutement de cadres, contre seulement 43% en septembre 2021 (+27 points). Pour notre organisation, c'est donc un atout de poids dont l'industrie ne saurait se priver. "Il faut que nos équipes le revendiquent et ne négocient les termes de la façon la plus avantageuse possible pour les salariés, considère Bruno Reynès. Pour autant, cela n'exclut pas la vigilance sur de nombreux points, à commencer par le droit à la déconnexion et un partage clair entre vie privée et vie professionnelle. La surchage informationnelle -la fameuse infobésité- fait figure de facteur de déséquilibre clairement identifié dans ce dossier, et sur contre lequel FO Métaux se bat". Autant de potentiels points de discorde par ailleurs identifiés par les cadres, notamment les plus jeunes, comme des limites, qui ne remettent toutefois pas en cause la volonté de pérenniser la pratique du télétravail.

Aller plus loin

Le document montre également que, contrairement à certaines idées reçues, dirigeants et managers n'associent pas systématiquement télétravail et baisse de productivité. Au contraire, "Le monde de l'entreprise est prêt à aller plus loin sur ce dossier, explique Bruno Reynès. A nous d'accompagner directions et salariés pour en faire par le dialogue une opportunité où tout le monde y gagne". Au sein des autres catégories socio-professionnelles, le télétravail ne s'est néanmoins guère autant développé et à même reflué à l'issue de la crise sanitaire. "Nous ne sommes pas une organisation catégorielle, rappelle le secrétaire fédéral, c'est pourquoi nour portons une revendication forte pour que le télétravail soit facilité pour les non cadres. 

Notamment certains ETAM et agents de maîtrice, dans le cadre de notre effort continu pour améliorer les conditions de travail et la qualité de vie au travail de tous les salariés".