Déclaration FO au CSEC Stellantis France le 10 avril 2025.
À l’attention de M. Xavier Chéreau, Président du CSEC et DRH Monde du Groupe Stellantis
Monsieur le Président,
Les représentants FO souhaitent exprimer ici une inquiétude croissante des salariés français, et plus particulièrement ceux des sites comme Douvrin et Poissy, quant à leur avenir professionnel, étroitement lié à celui de leur site. Cette inquiétude n’est pas le fruit d’un simple ressenti, mais bien d’un constat partagé sur le terrain : le manque de perspectives claires et de visibilité stratégique pour nombre d’établissements industriels en France.
Nous tenons à rappeler que la dernière fois que nous avons pu échanger directement avec vous dans le cadre du CSEC remonte au 28 juin 2024. Depuis, le dialogue stratégique à haut niveau s’est raréfié, malgré les multiples interrogations des représentants et des salariés.
Nous ne remettons aucunement en cause les compétences des équipes qui vous entourent et qui assurent les échanges au quotidien. Mais il est essentiel, pour nous élus, de pouvoir bénéficier d’une vision globale et directement portée par la Présidence. Ce besoin est d’autant plus fort que la France donne aujourd’hui le sentiment d’être devenue le parent pauvre de la galaxie Stellantis.
Le barycentre du groupe semble désormais clairement déplacé outre-Atlantique, avec un pôle américain renforcé, et pour ce qui concerne l’Europe, l’Italie paraît aujourd’hui davantage privilégiée. Cette tendance s’observe également dans l’appauvrissement progressif du dialogue social : de l’agenda social annuel sous PSA, nous sommes passés à un agenda trimestriel après la fusion PSA/Opel, pour arriver aujourd’hui à un agenda mensuel post-fusion PSA/FCA, où sur sept créneaux proposés, deux sont déjà annulés… et une seule négociation figure à l’ordre du jour.
Nous comprenons parfaitement que les tensions géopolitiques, les fluctuations économiques mondiales, et la transformation accélérée du secteur automobile imposent de la prudence. Mais nous pensons qu’en période de crise ou de mutation majeure, le dialogue social ne doit pas être réduit — il doit au contraire être enrichi.
Les salariés français ont besoin d’un cap, d’une orientation claire, d’une boussole pour avancer dans cette nouvelle phase de l’histoire du groupe. L’engagement, la fidélité et la compétence des équipes françaises doivent être reconnus à leur juste valeur dans les arbitrages stratégiques.
C’est pourquoi nous réitérons notre demande d’un échange direct avec vous sur les grandes orientations industrielles, sociales et organisationnelles de Stellantis en France, et d’une réévaluation ambitieuse de l’agenda social.
Nous vous remercions pour votre attention.