Le rôle principal d’une organisation syndicale, c’est de défendre avant tout lesfemme s et les hommes de l’entreprise, en transmettant à la direction les vraies informations du terrain, sans tabou, car c’est notre responsabilité !
La force FO, c’est l’expérience de la négociation dans tous les collèges, mais aussi la volonté de rester proche des réalités vécues par les salariés.
Aujourd’hui, nous voyons que le groupe change et que toutes les catégories socio-professionnelles traversent de grandes difficultés, chacune dans leur domaine. Il est temps de mettre sur la table la vie quotidienne des salariés, avec l’exigence d’un syndicalisme qui place les personnes au cœur de ses combats et avec l’expérience des batailles sociales.
Je souhaite réagir à certains de vos propos en vous remerciant de votre confiance. Vos commentaires sont frappés de bon sens et de sincérité.
Avec le recul, ne rien faire devant ces témoignages serait une faute professionnelle, et un oubli grave de notre rôle auprès de vous, même si la tâche est immense. FO veut une direction consciente que le climat social doit être reconstruit et que les salariés méritent considération et respect dans toutes les catégories.
Aujourd’hui, il est urgent de changer la politique sociale du groupe. Avec votre soutien, nous sommes déterminés à faire entendre la voix des salariés et à replacer les personnes, leur réalité et leur dignité, au centre des décisions.
En vous remerciant, avec votre confiance, tout devient possible c’est une question de rapport de FOrce !
Philippe DIOGO
Délégué Syndical Central FO
Ouvrier à SEPT-FONS, 1 an d’ancienneté
« Quand je suis arrivé à Stellantis, c’était juste pour un remplacement de deux mois en tant que cariste fonte, j’ai découvert le monde de l’industrie avec ses règles particulières, le travail en 3/8, les EPI ignifugés, la conduite de produit dangereux.
D’un remplacement, je suis resté pendant presque 2 ans quand mon chef m’a proposé une place de conducteur d’installation ou j’ai découvert un autre monde. Partir de zéro et tout apprendre depuis le début, un nouveau départ et une confiance de nos chefs ou l’évolution fait partie intégrante du travail si l’on est consciencieux et motivé. Malgré les difficultés rencontrées tel que la chaleur, la saleté et la complexité du poste, nous savons que nous pouvons compter sur nos collègues (maintenance, chef, autres personnes ayant déjà occupé ce poste) l’entraide est primordiale dans ce travail car tous les postes dépendent de celui qui le précède et chaque personne donne de lui pour aider son collègue ce que nous voyons rarement dans certains corps de métier. Stellantis permet aussi d’évoluer et d’accéder à des postes à responsabilités et de gravir les échelons un tant soit peu que l’on soit motivé et sérieux dans notre travail, ce qui est rare ailleurs.
Un grand groupe, ce sont aussi des avantages certains sur les petites entreprises où le CSE est indispensable, pour les mutuelles d’entreprises, les primes, savoir négocier des tarifs avantageux pour les salariés comme pour les voyages, des palettes de granulés ou proposer des journées détente au site de Tricoule. Toutes ces personnes se démènent pour les salariés et se battent pour pouvoir créer des embauches, des personnes sur qui nous pouvons compter et qui sont toujours à l’écoute. Stellantis permet au sein de ces personnes de nous avoir une meilleure qualité de travail et de vie. Pour finir, je citerai Peter DRUCKER : «Le meilleur moyen de prévoir le futur c'est de le créer.».
Ouvrier à SEVEL NORD, 32 ans d’ancienneté
« J’ai intégré l’entreprise en 1992, à l’âge de 22 ans. A cette époque, l’usine venait tout juste de démarrer et notre objectif était de produire une dizaine de véhicules pour le lancement ».
« J’ai été affectée au montage », « l’ambiance y était excellente avec un vari esprit d’équipe et un dialogue humain, qui malheureusement s’est peu à peu perdu au fil des années ».
« En 1998, j’ai été affectée au secteur journaliste », « une expérience particulièrement enrichissante ».
« J’ai été envoyée en mission à Mulhouse, pendant 1 an », « avant de partir pour une nouvelle mission à Poissy », »où je suis restée 2 ans ».
« Après un retour de 6 mois à Sevel Nord, j’ai de nouveau été envoyée en mission cette fois à la Ferté Vidame pendant 2 ans. Ce déplacement m’a particulièrement marquée », »un vrai plaisir ».
« A mon retour, nous étions passés sous le groupe PSA, et j’ai ressenti un changement brutal au niveau des relations humaines, de l’ambiance de travail, mais aussi une forte réduction des effectifs. Nous avons connu de nombreux bouleversements », « Le volume a pris le pas sur la qualité ».
« En 2023, j’ai intégré un nouveau service, visant à livrer des véhicules directement en concession « Une expérience inoubliable, riche en belles rencontres et qui m’a redonné le plaisir de venir travailler, comme à mes débuts à Sevel Nord. Cette mission a pris fin à la suite de la signature d’un contrat avec la SNCF.
Depuis mars 2024, je suis de retour en équipe de nuit. Je constate que tout le monde travaille sans relâche sur la ligne, y compris les Team-Leader et les RU/RG. Avec la suppression de nombreux postes, nous devons produire autant de véhicules avec moins de personnel.
Malgré tout cela, nous gardons le sourire et nous avançons, dans l’espoir de voir les choses s’améliorer. »
Ouvriers à DOUVRIN, 35 et 39 ans d’ancienneté
« Je souhaite remercier toute l’équipe FO Stellantis Douvrin pour l’écoute et le soutien que j’ai ressenti. Au plus bas à la suite de la déclaration d’un cancer venu s’ajouter à une maladie professionnelle toute récente, l’équipe syndicale m’a soutenu. Ils m’ont aidé dans la rédaction de documents administratifs, expliqué la procédure à suivre et préparé pour mon entretien en vue de mon licenciement.
L’équipe FO, par son soutien, dans la bonne humeur, m’a permis de traverser cette épreuve difficile et compliquée dans les meilleures conditions possible.
Je suis très reconnaissant envers cette équipe dont l’engagement est irréprochable. »
« Je t’envoie ce message pour vous remercier tous pour tout ce que vous avez fait pour moi.
Mon cas n’était pas simple étant en arrêt de travail pour la coiffe des rotateurs. Le médical ne voulait plus de moi sur ligne de production étant en plus à mi-temps invalidité plusieurs facteurs qui me mettait dans ce cas pas simple à gérer.
Avec l’intervention votre intervention, vous avez trouvé une solution malgré les réticences en face. Conclusion, vous êtes des personnes sympa, professionnelles, à l’écoute et sérieuses. Je les remercie. »
Ouvriers et techniciens à MULHOUSE
« Beaucoup trop de pression, pas assez de personnel et manque de reconnaissance. »
« Trop dans l’urgence, manque de reconnaissance de nos métiers, salaire moyen pour ce qu’on fait, nouvelle classification c’est de la foutaise ».
« Dans l’ensemble je me sens bien chez Stellantis ». « Cependant, il y a des points à améliorer.
L’image de notre usine n’est pas à la hauteur : …, la toiture n’est pas étanche et de nombreuses flaques d’eau se forment au sol lorsqu’il pleut.
Avec le turn-over des effectifs, les formations sur le terrain des nouveaux et des intérimaires se font trop rapidement, sans être détaché pour les réaliser de manière correcte.
Je suis inquiet pour mon avenir, car il y a une baisse d’activité et mon secteur est souvent en H- ».
« Je pense que je ne me sens pas très serein par rapport à la mentalité globale du personnel en mécanique. Les différents services n’avancent pas à la même vitesse et ne collaborent / communiquent pas entre eux. C’est de plus en plus difficile de faire avancer les choses car les équipes de FAB ne veulent pas spécialement toutes y mettre du leur pour accomplir les actions. Manque de motivation / volontariat, j’entends souvent la phrase : « Ce n’est pas à moi de faire » alors que ça à toujours marché ainsi.
L’impression qu’on est encroûté dans le non-partage et tout ce qui ne correspond pas à l’unité.
Côté point fort, l’unité et l’entraide entre les techs de l’ETC, c’est bien ce qu’il nous reste de bien.
Côté à améliorer, c’est un très gros chantier de faire changer la mentalité de tous pour que l’on puisse à nouveau tous travailler en harmonie et que tout soit quadrillé et réglementé. Par exemple copier le modèle de fonctionnement de l’UT.
J’ai bossé de 2017 à 2019 au SA50 et c’est beaucoup plus serein pour atteindre la réussite.
Autre point négatif, les difficultés pour faire avancer les sujets avec la DA Stellantis ou les validations métier ou avec le central UTEE.
Malheureusement on ne pourra rien faire pour améliorer ce point-là, du fait d’une organisation trop complexe ».
« Plus trop bien car le bien-être au travail n’existe plus ou trop peu. On n’est vraiment considéré comme un simple et vulgaire numéro dans l’entreprise. La hiérarchie ne peut plus prendre le temps pour nous les salariés car elle aussi est débordée ».
« En ce moment l’ambiance est morose et le moral au plus bas.
Surcharge au travail avec la réduction d’effectifs et le partage du travail aux autres postes.
Je comprends que personne ne veuille venir bosser chez Stellantis, entre surcharge et salaire pas très élevé pour le boulot exigé et le peu de reconnaissance ».
Cadre au GrEEn Campus Poissy , 25 ans d’ancienneté
« Cela fait maintenant 25 ans que je suis dans l’entreprise. J’ai eu la chance de vivre de nombreuses expériences, à la fois humaines et techniques, qui m’ont permis de grandir professionnellement et personnellement.
Trois mots me viennent à l’esprit :
Adaptation, avec mes passages sur quatre sites différents : Asnières, Saint-Ouen, La Garenne, le CEMR, et aujourd’hui le Green Campus.
Agilité, car nous avons connu des réorganisations constantes, des évolutions technologiques, et une dynamique d’amélioration continue.
Inquiétude, notamment lors de périodes clés comme 2005, 2012 et 2025, marquées par des incertitudes, des plans de départs et des changements de direction.
Je suis fier de mon entreprise et de sa transformation. Cela dit, je pense qu’on pourrait faire les choses autrement, en plaçant davantage les collaborateurs au cœur des projets, en valorisant leur expérience et leur bien-être.
J’ai toujours cru que le travail en groupe est le meilleur moyen de progresser et d’atteindre des objectifs. Seul, on est isolé. Ensemble, on est plus forts ! Valeur acquise sur site industriel.
Être participatif, constructif, et à l’écoute de ses collègues. Ce sont des valeurs que je retrouve pleinement dans mon engagement syndical chez FO.
Il y a, pour moi, plusieurs enjeux pour l’avenir du groupe:
Le retour du télétravail, qui est une opportunité mais qui a été mal vécu et parfois mal compris.
Les crises qualité, que nous devons expliquer à notre entourage.
Et les changements de directives, notamment le virage vers le tout électrique imposé par l’Europe.
FO doit se faire entendre auprès de la Direction. C’est essentiel pour accompagner les salariés dans ces transformations et défendre leurs intérêts. »
Ouvrier à VESOUL, 15 ans d’ancienneté
« Après 15 ans passés au sein de Stellantis, il est temps pour moi de dresser un bilan de mon parcours. Ces années ont été riches en apprentissage et opportunités, mais aussi en défis qui ont forgé ma perception de l’entreprise et du monde du travail. »
Des évolutions riches et des compétences développées :
« Stellantis m’a offert un cadre propice au développement de nombreuses compétences. Cette expérience m’a apporté une connaissance technique approfondie. »
« Mes différentes évolutions, de cariste à maintenancier, puis de préparateur de commandes à agent de planning et enfin TL, m’ont permis de développer pas à pas des connaissances et savoir-faire toujours plus approfondis sur l’univers de la logistique et de la maintenance. » « Tout au long de ces années, j’ai pu profiter de ces opportunités, parfois offertes, parfois imposées. J’ai aussi été imprégné par une culture d’entreprise qui, à mon sens, place la sécurité de ses collaborateurs parmi ses priorités. »
Défis : Performance, polyvalence et impacts de la sous-traitance
« Cependant, cette carrière a également été ponctuée de périodes plus complexes. La logique de performance constante et la polyvalence exigée ont souvent représenté une charge non négligeable. Il fallait sans cesse s’adapter, apprendre de nouvelles méthodes, tout en maintenant un niveau d’efficacité élevé. » « Les changements liés à la sous-traitance ont aussi marqué mon parcours. Cette période a été, jusqu’à présent la plus difficile professionnellement. Le sentiment d’incertitude et d’impuissance face à la perspective
de perdre un métier que j’affectionnais particulièrement m’a fait prendre conscience de la violence que cela peut représenter pour les travailleurs que de devoir quitter un emploi qu’ils aiment. »
Cadre à BELCHAMP, ancienneté 22 ans
« Arrivé depuis plusieurs années sur le site de Belchamp, j’ai pu constaté combien le quotidien dans l’ingénierie pouvait osciller entre fierté du travail accompli et inquiétudes persistantes face à l’avenir.
Nous sommes régulièrement confrontés à des signaux d’alerte, à commencer par ce qui se passe à l’extérieur de notre organisation : L’image de notre groupe et de ses marques est parfois mise à mal. La qualité perçue de certains nouveaux produits – je pense par exemple à la nouvelle C3 et ses dérivés – ne répond pas toujours aux attentes. Les campagnes de rappel qui ressurgissent, notamment celles liées aux airbags Takata, la crise des moteurs EB/DV, alimentent le doute et nuisent à la confiance.
En interne, la situation ne rassure pas d’avantage. Le baromètre de satisfaction West Europe serait en amélioration…Mais nous savons tous que l’outil de mesure a changé, ce qui donne le sentiment d’un artifice. Nombreux sont ceux qui parlent ouvertement de manipulation. Cela crée en climat de méfiance.
Sur le terrain, les réorganisations se succèdent. On voit certains périmètres de l’ingénierie (PDT/VEHE) être transférés d’un niveau à un autre, parfois sans ajustements, parfois en remettant en cause le mode de fonctionnement précédent. Résultat : perte d’efficacité et un sentiment d’improvisation.
Et localement, à Belchamp, nous ne pouvons pas ignorer la moyenne d’âge des salariés. Dans 5 ans à peine, une part significative pourrait partir à la retraite. Et quand on sait qu’un grand nombre des personnes sur site ne sont pas des salariés Stellantis, cela questionne : Que restera-t-il demain en interne si rien n’est anticipé ?
Même avec une campagne de recrutement aujourd’hui, le temps manquerait pour assurer une vraie transmission des savoirs.
Cette situation suscite chez beaucoup un mélange d’inquiétude et de résignation. Bien sûr, nous voulons avancer, être constructifs, continuer à donner le meilleur de nous-mêmes…Mais l’énergie se fait rare, le temps manque, et les vacances sont souvent vues comme la seule perspective pour souffler un peu.
La récente arrivée d’un nouveau PDG, au style plus solaire et accessible, a été bien accueillie. Mais il serait illusoire d’attendre des miracles immédiats. Ce sera à nous de maintenir le cap. A ce titre, l’insistance de la direction sur le « travailler ensemble » est compréhensible…Mais peut aussi résonner comme une manière déguisée de dire « débrouillez-vous entre vous ». Répété à l’excès, ce message finit par sonner creux, voire déplacé.
Aujourd’hui plus que jamais, je crois que le groupe doit prendre conscience que ses forces vives – nous – attendons du sens, du respect, et de vraies perspectives. Parce qu’un collectif ne tient pas éternellement à la seule volonté des individus, aussi dévoués soient-ils. »